Depuis le 1er novembre 2016, l’agglomération de Grenoble et les 48 communes qui l’entourent ont mis en place un plan de restriction de circulation en cas de pic de pollution (*). Ce dispositif s’appuie sur les vignettes Crit’Air du ministère de l’Ecologie, à partir du 5ème jour consécutif de pollution.
Tout comme à Paris, ce plan vise à abaisser les niveaux des principaux polluants atmosphériques dangereux pour la santé : particules fines inférieures à 10 microns (« PM10 ») ou à 2 microns et demi (« PM2.5 »), monoxyde et dioxyde d’azote (SO, SO2). Or, au sein du trafic routier, les véhicules à motorisation diesel sont les seuls à émettre des particules fines ; de plus, ils contribuent majoritairement à l’émission du dioxyde d’azote. Les 2-roues motorisés, eux, roulent tous à l’essence ordinaire (« sans plomb »).
Le « hic » c’est que la classification Crit’air mise en place en juillet 2016 par le Ministère de l’Environnement ignore ces nuances et met tout le monde dans le même panier : diesels et motos ! Alors que l’antenne FFMC 38 avait obtenu en septembre l’engagement que les motos et scooters ne feraient pas l’objet de mesures d’interdiction, la Métropole grenobloise est revenue sur ses promesses le 20 octobre dernier !
De ce fait, à compter du 5ème jour de pollution consécutif dans l’agglomération, les 2-roues motorisés d’avant juin 2000 (comprenez : les véhicules sans pastille Crit-Air) seront interdits de circuler dans les 49 communes de la vallée (autoroutes et rocade comprises) afin de résorber une pollution à laquelle ils ne contribuent que de manière insignifiante.
Qui plus est, à partir du 7ème jour de pollution, ce sont les 2-roues d’avant juillet 2004 qui seront interdits pour le même « motif » (puisque la restriction s’appliquera également aux véhicules disposant de pastilles « Crit’Air 4 et 5 »).
Pour l’instant, ce mécanisme fait l’objet d’une « expérimentation » jusqu’au 31 décembre 2016. Mais, à compter du 1er janvier, les véhicules transitant indûment sur ce territoire de 546 km2 (y compris les autoroutes reliant Lyon-Valence à Chambéry ou Gap, ainsi que la « rocade sud ») pourront faire l’objet d’une verbalisation de 22 à 35 € lors des pics de pollution.
Le message passé par la Mairie de Grenoble est donc clair : qu’importe l’écologie et les sources de pollution, les diesels et les 2-roues seront logés à la même enseigne… et soumis aux mêmes PV !
Par la même occasion, l’agglomération Grenoble-Alpes Métropole est la première à mettre en oeuvre une politique que nous annoncions déjà pour Paris : la mise en place d’interdictions pour les motos de moins de 15 ans (celles antérieures au 1er juillet 2004… en attendant la prochaine étape !).
Pour autant, le combat n’est pas perdu. Bien au contraire !
En cette période pré-électorale, il faut plus que jamais, continuer à faire face à ces mesures inadaptées et injustes pour les 2-roues motorisés qui, de par leurs spécificités, sont une des solutions pour lutter contre la pollution.
Des mesures, ça s’impose comme le font aujourd’hui nos élus… mais ça s’annule aussi. Et c’est ce que nous devons nous employer à faire en continuant à nous mobiliser tant sur le terrain qu’au niveau juridique, mais aussi en multipliant les rencontres avec les politiciens afin de leur expliquer en quoi le 2-roues motorisé est une plus-value à l’amélioration du trafic urbain et donc à la réduction de la pollution.
L’écologie est un sujet important et nous sommes tous responsables de l’avenir de la planète. C’est pourquoi nos politiciens doivent cesser de l’utiliser pour en faire un outil de communication au service de leur notoriété. Elle ne doit plus être une punition pour les citoyens et les mesures prises doivent l’être dans une réelle recherche de performance écologique.
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(*) Sources
- Métropole GAM – « Pics de pollution : un dispositif pour limiter la circulation des véhicules les plus polluants« .
- Motomag – « Vignette Crit’air : Grenoble, 2e ville de France à la rendre obligatoire« .
Figure 1 : Le réseau routier et auto-routier de la métropole Grenoble-Alpes Métropole (GAM). D’après « Baro’métro actualisation 2014 », « Concentration moyenne de NO2 en 2012 » (en rouge, dépassement de la valeur limite).
Figure 2 : d’après l’annexe de l’arrêté du 21 juin 2016 établissant la « nomenclature des véhicules classés en fonction de leur niveau d’émission de polluants atmosphériques ».