Retrouvez ici l’interview vidéo de Jean-Marc Belotti, coordinateur de l’antenne FFMC Paris Petite Couronne.
MM : La Zone à Circulation Restreinte (« ZCR ») a été actée par la Mairie de Paris, est-ce encore utile de se mobiliser ?
JMB : Ce n’est pas parce que cela a été acté par la Mairie de Paris que, nous, on doit baisser les bras. On appelle au boycott de la vignette Crit’air. On appelle les 2-roues motorisés à continuer à rouler, parce qu’on trouve que c’est une mesure totalement injuste et infondée. L’idée aujourd’hui c’est de leur interdire de rouler dans Paris et donc de les spolier de leurs roues motorisés. A un moment donné, il faut se rendre à la réalité, il y a des gens qui habitent à Paris, il y a des gens qui habitent en banlieue. Les gens qui habitent en banlieue ne peuvent pas forcément arriver de 30 kilomètres avec un vélo ; ils ont des 2-roues motorisés qui ne sont pas forcément récents et ils n’ont pas forcément les moyens d’acheter des nouvelles motos. A un moment donné, socialement, on est en train de mettre au ban des gens qui travaillent et qui veulent rentrer dans Paris pour travailler : quand ils sont en banlieue, ils sont des citoyens normaux ; à partir du moment où ils passent le panneau de Paris, cela devient des délinquants. Et ça, c’est inadmissible !
MM : Les mesures alternatives que ne cesse de vanter la Mairie de Paris ne sont donc pas aujourd’hui opérationnelles ?
JMB : Premièrement, les mesures alternatives ne sont pas opérationnelles. Deuxièmement, tout le monde n’a pas les moyens d’acheter une moto électrique, qui coûte très cher. Et puis, on sait bien aujourd’hui que les transports en commun sont bondés, encombrés, pas toujours performants. Si tous les gens en 2-roues motorisés aujourd’hui, c’est-à-dire plus de 150 000 qui entrent dans Paris tous les jours, se reportaient sur la voiture ou les transports en commun, je vous laisse imaginer le problème que cela serait. Déjà aujourd’hui on nous annonce plus de 200 kilomètres de bouchons autour de Paris en voiture ; si les gens en voiture viennent de plus en plus au 2-roues motorisé notamment en région parisienne, c’est bien parce que le 2-roues motorisé est une solution de mobilité et c’est beaucoup moins polluant que d’autres modes de transports.
MM : Les moteurs électriques dont on parle beaucoup, et notamment les 2-roues électriques, ne sont pas convaincants si on envisage leur bilan énergétique global ?
JMB : Le bilan énergétique global du 2-roues motorisé est négatif, bien évidemment, mais nous on n’est pas contre : il peut y avoir des véhicules électriques, c’est le choix de chacun de rouler ce qu’il veux, des vélos, des motos électriques, des trottinettes. Mais on veut juste qu’il y ait de la place pour tous les citoyens ; on veut aussi avoir la nôtre en tant que citoyens parce que les usagers de 2-roues motorisés et les motards sont des citoyens comme les autres et on en a assez d’être stigmatisés, soit par le gouvernement soit par la Mairie de Paris, simplement parce qu’on a choisi de rouler sur une moto !
Quant au bilan énergétique de l’électrique, les batteries contiennent du Lithium-Ion et l’impact écologique pour l’extraire n’est pas terrible. Et puis l’énergie électrique aujourd’hui en France fonctionne à 80 % avec de l’énergie nucléaire. Il faut qu’on arrête de nous dire que c’est vertueux. C’est peut-être mieux, mais ce n’est pas vertueux ! En tous cas, il y a d’autres solutions qui sont adaptées, notamment l ‘éco-conduite : si on conduit de façon apaisée en 2-roues motorisé ou en voiture, on diminue vraiment la consommation, voire plus qu’avec des véhicules neufs.