L’édito de Jean-Pierre Théodore, rédacteur en chef de Motomag
Les motos répondant à la dernière norme, Euro 4, seraient de 3 à 10 fois plus polluantes que les autos Euro 6 en conditions réelles d’utilisation selon le rapport True de l’organisme ICCT (Conseil international pour le transport propre). Voilà un argument qui va nous faire passer pour des destructeurs de la planète en puissance et pousser les pouvoirs publics à éradiquer les deux-roues à moteur thermique de nos cités !
Au point que la mairie de Paris réfléchit déjà (lire Motomag) à durcir son calendrier pour les interdire plus tôt que prévu…
Les progrès sont bien sûr souhaitables pour amoindrir les émissions gazeuses, et déjà en cours puisque Euro 5 est pour 2020 ! Le problème de ce rapport, c’est qu’il s’appuie sur une mesure instantanée des taux de CO et de NOx sans tenir compte des temps de parcours et donc d’utilisation, incomparables en zone urbaine entre moto et auto.
Si ces annonces-chocs étaient suivies d’effets (reste à prouver leur validité juridique), il suffirait que 10% des utilisateurs de deux-roues motorisés recourent à leur voiture pour que le trafic soit paralysé aux heures de pointe. Ceci en imaginant, pour commencer, que les 90% restants trouvent une place dans les transports en commun… Une gageure. Et à l’inverse, une étude de l’université de Louvain (Belgique) en 2011 a montré que le simple basculement de 10% de la circulation automobile vers le 2RM suffirait à réduire les embouteillages de 40% !
La FFMC et Moto Magazine s’indignent qu’on puisse utiliser des chiffres de façon partielle – et donc partiale – pour sommer les utilisateurs de mettre à la casse des véhicules hyper récents sous prétexte qu’on n’a pas laissé le temps à leurs constructeurs de s’aligner en termes d’émissions ! Une injustice propre à mettre de l’eau dans le gaz…